Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée

Très abattu, étourdi et les jambes cassées, M. des Lourdines mettait à peine pied à terre, qu’une voix joviale éclatait derrière lui :

« Pas possible !… M. des Lourdines !… M. des Lourdines dans notre ville de Poitiers !… Ah !… ah !… Comment allez-vous, monsieur des Lourdines ?… »

C’était M. Bricart, figure bien réjouie, teinte au vin rouge sous une toison brune et crépue qui dessinait sur son front un fer de lance, M. Bricart, hôtelier, maquignon expert à buriner les dents des vieux chevaux, et ami de tous ces messieurs.

« Je… je vous salue, monsieur Bricart… Ayez la bonté de me réserver une chambre pour ce soir… n’est-ce pas ?… pour ce soir. »

Et M. des Lourdines, courbé dans les vastes faux plis de sa limousine, ne souriait guère. Il aurait bien voulu se sauver, fuir ; mais l’autre le tenait court, ne lui lâchait pas la main – on pouvait se permettre cette privauté avec le petit homme !

« Entendu, entendu, monsieur des Lourdines, mais… voyons, nous prendrons bien une petite