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Une brume bleuâtre emplissait la nuit matinale ; c’était l’heure vive et fraîche où l’univers purifié semble s’être rajeuni de plusieurs milliers d’ans.

Enveloppé dans sa large limousine, il se rendit sur le seuil de l’écurie, dans laquelle se transportait de-ci de-là la lanterne sourde de Frédéric. Des poules réveillées quittaient le fumier chaud et caquetaient, inquiètes. Dans l’ombre, la vieille jument blanche, couverte déjà de son harnais cuivré, broyait l’avoine, avec un bruit de meule.

Alors il revint dans la cour, et il attendit, en regardant une petite étoile qui brillait entre deux peupliers.

Il se retourna : la jument faisait sonner les pavés du caniveau, s’avançait vers la voiture. Frédéric entra et sortit avec un fouet, avec une brosse pour le voyage et dans les mains son chapeau, qu’il déposa sur la pierre de l’auge ; puis il rabattait sur la jument les brancards du berlingot, passait des courroies, en nouait d’autres, tout en glissant des coups d’œil intrigués du côté de son maître.

« Vite !… vite ! Frédéric ! »