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son fils d’assez grands sacrifices… il n’acquitterait pas une seconde fois la note de ses désordres !

Puis, sans qu’il sût comment ni pourquoi, sa décision se détendait, comme s’il n’était plus besoin de sa volonté… son cœur s’amollissait… il n’avait jamais fait de mal à personne !… Pourquoi dès lors viendrait-on lui prendre sa fortune ?… est-ce que le monde ne se soulèverait pas d’indignation ?

Et qui sait si la lettre de ce prêteur, de ce Muller ne recelait pas quelque combinaison frauduleuse ? Comment le débrouiller ? Il en était bien incapable, ignorant tout du monde de l’argent, hors que s’y brassaient d’obscures affaires, souvent louches, toujours compliquées.


La lampe s’était éteinte ; la nuit s’avançait ; il grelottait de froid.

Immobile, la tête dans les mains, il ne savait à quoi se résoudre, désarmé, tout semblable à l’enfant qui ne sait rien de l’escrime de l’existence. Il sentait seulement qu’il avait vécu trop