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huants, car les bois voisins se trouvaient peuplés de ces oiseaux friands de musique, qui, dans les longues nuits silencieuses, aimaient à venir se poser non loin du violon.

Et, pendant ces trente ans, le violon avait tout dit de la vie du musicien, presque jour par jour : les aurores sur les collines, les troupeaux qui vont boire, la chanson des laveuses, l’amour des premières années, les déceptions cachées, les joies du père, et les espoirs nouveaux, et les déceptions nouvelles, et le fils parti, perdu… Tout cela sur le violon, sur ses nerfs tendus, avait murmuré, chanté, sangloté, cher vieux Crouillebois !


Ce soir, il se sentait l’âme travaillée de musique. La forêt l’avait ému, pénétré de ses parfums, empli de ses chuchotements : il avait l’impression de la porter en lui tout entière avec ses hautes cimes brumeuses et sa triste atmosphère de pluie.

Les coups de neuf heures sonnèrent. Ils sonnèrent