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et la dureté qui si souvent dénoncent l’enfant gâté. D’ailleurs, né bon, serviable, d’humeur enjouée, il fallut que sous le manteau déférent de l’abbé et les encouragements inconscients de la mère se développât dans sa folle et faible tête un amour effréné du plaisir. Personne n’y prenait garde ; sa qualité de fils unique légitimait tous ses écarts, on ne savait rien lui refuser ; et tout un Pérou coulait de ses mains.

À quinze ans, mis en possession d’un « deux roues » et d’un petit cheval, il faillit cent fois se rompre le cou. Un jour même qu’il voiturait, pour son plaisir à lui, le curé du village, il fit tant et si bien que le pauvre homme, dans le fossé, se cassa trois doigts. Il est vrai qu’aussitôt rentré chez lui, Anthime prenait cinq cents francs dans sa cassette et les envoyait au blessé pour ses pauvres. À vingt ans, il demanda un cheval de pur sang : on lui acheta, pour cinquante mille francs, le propre petit-fils du « Prince Caradec », illustre favori des derbys d’Angleterre, et appelé le « Comte Caradec », du nom de sa famille, selon la coutume anglaise. Anthime, sur les