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un craquement, un aboi de chien, tout au plus un heurt de charrette, très loin, et c’était tout !…

Mais les hommes eux-mêmes, il ne les entendait pas ! Leurs visages, au milieu de ces grands bois, n’avaient guère plus de réalité que ces formes embryonnaires composées et défaites par le caprice des nuages ; et, chose curieuse, ces visages prenaient dans le recul de sa pensée une teinte fanée, morte, comme une couleur de vieux buis !… À part quelques figures dont il tenait à se souvenir encore, figures balayées depuis longtemps de son existence par les événements, par la mort, toutes les autres ne lui remémoraient qu’impressions de gêne et d’ennui. Et voilà pourquoi, aux hommes qui n’étaient pas des simples, il préférait la forêt, qui n’a pas d’esprit, qui ne finasse pas, qui est pleine d’amour, qui n’agite pas ces étranges petites mains tracassières et rapetissantes.


Cette fois, Lirot aboyait furieusement…

« Ah ! s’éveilla M. des Lourdines, bien !… bien !… j’y vais. »