Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée

en cous cabrés, en serpents tordus. L’une d’elles, brisée, pendait, prête à tomber dans le vide. En des reculs de brume s’ébauchait le cône vaporeux des sapins ; et sous cet épanouissement des fûts en une nef déchirée du jour blafard, sous cette haute mêlée de palmes mordues de la dent sournoise des froids, se pressait, plus basse, une autre forêt, fouillis pluvieux de bourdaines et de viornes, marié à la pourpre des noisetiers et au safran des érables. L’eau frangeait les ramures, alourdissait les fils d’araignée, imbibait les écorces gluantes, et des feuilles tombaient, çà et là, en tournant, dans le tranquille égouttement, dans le grand calme profond. Et l’on sentait que cet égouttement, que ce calme se prolongeaient plus loin et plus loin encore, car elle était immense, cette forêt de Vouvantes, et sombre et creusée de gorges sauvages, une vraie forêt de l’ancienne Gaule. Quarante ans à peine venaient de s’écouler depuis que, dans ses broussailles, s’étaient fauchées les dernières bandes de la Chouannerie. Actuellement, deux routes militaires la prenaient