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Anthime sentait son cœur se desserrer, s’alléger de son amertume. Mais son émotion de la veille il ne la retrouvait pas !… C’était quelque chose de moins violent, qui ne lui mettait plus les nerfs à la torture… Il ne pensait plus du tout à Nelly, il baignait dans une tiède et suave clarté, des ondes de chaleur dilataient son être, des vagues toutes-puissantes le soulevaient. « Dans un instant cela va finir, lui chuchotait une voix intérieure… Tu vas retomber dans l’infernal silence de ton cœur inconsistant et lâche… De nouveau tu ne pourras supporter de vivre ! » Avec ferveur, il écoutait un air qui venait de lui rappeler des souvenirs… Qu’était-ce donc ?… comme cela était vieux en lui !… comme il y avait longtemps…


Je me suis endormi,
leri,
à l’ombre sous un thym,
Mais à mon éveillée,
lerée,
le thym était fleuri.


La Charvinière !… la chanson de sa nourrice !…