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des branches ne vînt endommager la toiture du château.

Les hommes, attelés à la corde à court intervalle les uns des autres, arc-boutés dans les trous de l’herbage, tiraient à l’unisson.

« Ensemble ! criaient-ils, balançons-le !… une !… deux ! » Leurs huit bras ne faisaient qu’une chair brune, qu’une courroie veineuse et musclée.

Alors quelque chose d’insolite se passa dans l’ormeau. Puis, avec indifférence, sa cime oscilla, parut se déplacer. Un craquement partit de la base, guère plus fort que le pétillement dans le feu d’un bois sec, se reproduisit plus profond, se multiplia, éclata dans un déchirement sinistre, foudroya l’air ; et l’arbre, en silence, décrivit son immense quart de cercle.

Les hommes prirent la fuite.

Dans un heurt sourd qui fit trembler le sol, tout l’espace libre fut couvert d’un bondissement de branches cassées par un tonnerre, de feuilles secouées par un ouragan. Un instant, toute cette masse se convulsa, et peu à peu le grand corps entra dans son repos.