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mais ces idées n’avaient fait que traverser son délire ; elles ne lui avaient pas inspiré le moindre courage ; une issue meilleure s’ouvrait à lui : il allait se tuer !

C’était au souvenir de sa mère, ce soir, que l’idée de la mort s’était présentée à son esprit. Et voilà que, soudain, sous l’influence de cette suggestion, il avait cessé de souffrir, que tous les cauchemars qui formaient le bilan de sa situation : l’engloutissement de sa fortune, la honte, le remords, l’avenir redoutable, que tout cela lui était devenu parfaitement indifférent…

Alors il s’abandonnait, il se laissait couler vers la mort, non pas avec l’incertaine et défaillante volonté de l’homme, mais avec la volonté préordonnée, implacable, du poids lourd qui tombe dans le vide – car c’était bien le vide que sous lui sa ruine avait ouvert.

Et l’ailleurs, dans l’état présent de son imagination, la notion de la mort, en tant que terrifiante, se trouvait abolie ; Méduse se cachait la face, il n’en avait plus peur il ne voyait plus que la Libératrice. Car se donner la