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en déroute. Du brillant cavalier il n’était plus resté qu’une misérable chiffe humaine.

Ses amis ne l’eussent pas reconnu, tant il était changé : il n’avait plus de regard, ses traits, on eût dit, avaient perdu leur symétrie, et deux longs plis, partis des ailes du nez, ourlant le creux des joues pâles, modelaient une sorte de museau blême.

Autour de lui, des feuilles mortes couraient, légères, passaient sur le corps de celles qui, détachées depuis plus longtemps, humides et lourdes, commençaient à retourner à la terre.

En cet endroit, protégé contre le gel par les végétations, montait du sol une humidité glaciale. Le vent sifflait dans les arbres, rigides et noirs. Les prairies et les terrains se décoloraient dans l’air blafard, plissé de froid.

Il leva les yeux sur les arbres qui l’entouraient : doués d’une existence animale, semblable à la sienne, ils lui étaient hostiles. Tous ces êtres, parties de la propriété de son père, l’épiaient, le voulaient à eux, voulaient prendre