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pour qu’il fût sauvé, pour se sauver lui-même.

« Voyons, se disait-il, je saurai bien lui créer des distractions !… d’abord, il aura la chasse ; et puis il aime les cartes ?… eh bien, j’apprendrai, j’apprendrai !… Je lui ferai sa partie… tant qu’il voudra !… tant qu’il voudra ! »

De son côté, il pourrait reprendre ses promenades solitaires dans la campagne, et le soir, encore, s’en aller en secret jouer de la musique sur son cher violon.

Ah ! son violon, comme il l’aimait ! Depuis la lettre, depuis la mort de sa femme, il n’osait plus en jouer. Mais en lui, se disait-il, résidait maintenant toute sa fortune ! Lui seul, dans tout cela, n’avait pas changé ! toujours prêt à chanter, toujours prêt à consoler !

Et la certitude de cet inépuisable recours allait presque jusqu’à le mettre en goût d’une existence toute pauvre, toute cachée au fond du Petit-Fougeray, en compagnie d’un Anthime assagi. Leurs jours seraient unis et calmes, ils vivraient l’un près de l’autre, sans se gêner, en