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de répandre son déluge sur la divine monotonie des choses.

Aussi tous ses jours se ressemblaient-ils. Il se levait de bonne heure, descendait dans la cour, jetait un coup d’œil aux étables, aux écuries. Non qu’il se défiât – il ne se défiait jamais ! – du service de ses domestiques, tous dévoués à la maison depuis nombre d’années, mais ce lui était plaisir que de ne point manquer la sortie de l’étable fumante, dans la prime fraîcheur du matin. Il se rendait ensuite dans les potagers, regardait la rosée à droite, la rosée à gauche, touchait ses poiriers, arrachait une herbe, déplaçait une cloche, repoussait un châssis, et finissait toujours par mettre la main sur son majordome, son homme à tout faire, son vieil ami, Célestin. On causait ; il s’agissait de réparations aux drains de la prairie, d’allées à élargir dans la futaie, de nouveaux fusains à planter dans les vides des massifs. Ces conversations, leur péché à tous deux, n’en finissaient plus. De compte à demi avec ses fermiers, il était rare qu’il ne reçût la visite solennelle de l’un