Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/224

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qui décontenançait Anthime, et il ne savait trop que répondre :

« Eh bien, mais… voyons !… voyons, mon père !… il faudra revenir ici… voyons !

– Non ! interrompit sombrement M. des Lourdines en secouant la tête, non !… depuis la mort de ta mère… il s’est creusé… il y a derrière moi trop de souvenirs qui me feraient du mal !… Je suis vieux maintenant… vieux !

– Mais non, mon père, vous n’êtes pas vieux, protesta Anthime, avec le désir de faire prendre à l’entretien une tournure plus gaie ; si, tout à l’heure, vous vous étiez vu marcher, je ne pouvais pas vous suivre !

– Si, Anthime, si, reprit gravement M. des Lourdines, tu ne sais pas ce que c’est que d’être vieux !… surtout tu ne sais pas ce que c’est, quand on devient vieux, que d’être seul. Quand je compte les jours qui me restent peut-être à vivre, sans ta mère, sans… sans… personne !… tout seul dans mon Fougeray, tout seul !… Je suis pris là… oui !… je me demande… »