Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Nous n’aurons pas de pluie, déclara-t-il.

– Je ne pense pas », répondit distraitement Anthime, à qui cette promenade à pied, les bras ballants, sans son chien au moins à siffler de temps à autre, ne souriait guère : ennui pour ennui, il eût préféré cent fois flâner autour de Frédéric et du Comte Caradec.

« Singulière idée ! » se disait-il, car son père lui semblait loin d’être guéri ; sa grande lévite et son grand chapeau le faisaient paraître plus maigre encore. De plus, il s’étonnait de le voir marcher si vite, la tête en avant, comme lourde de l’idée d’un but à atteindre, la fourchetine frappant le sol à chaque pas, tout à fait la tournure de ces hommes qui s’en vont à pied, le bissac au dos, d’une ville à une autre ville.

« Sans doute, pensait-il encore, il va me toucher un mot de mon héritage. Pauvre père !… mais c’est vraiment mal juger de la discrétion de Michka ! » Il s’en fallut de peu que, gaiement, par légèreté d’esprit, il ne laissât échapper cette boutade ; et, nonchalamment, il tourna la tête vers les côtés de la route, où ce n’était, des deux