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assuré du nombre de cigares restés dans son étui, il s’apparut, à lui-même dans toute son élégance de dandy, bien que quelque chose d’indéfinissable accusât quand même cette enveloppe de n’être pas celle d’un roué sans mélange. À son insu, le chasseur campagnard n’était pas en lui complètement mort : il en restait quelque chose, assez même pour que cette silhouette de bon garçon écervelé jusqu’à la démence et tout à la joie naïve de son bel appétit fût, par des yeux connaisseurs, bientôt mise à part dans cette phalange plus ou moins blasée de la haute fête parisienne.

Qu’on se promène, un soir d’été, le long d’un chemin de Gastine. Là-haut, dans la pourpre du couchant, se dresse, nourri d’une terre vigoureuse, un beau pommier. Son corps robuste se tord sous les mousses, il penche ; peut-être ses racines sont-elles rompues ? – Non ; mais c’est qu’il est ivre, le pommier, ivre de l’odeur de toutes ses pommes, vermeilles comme les joues des belles filles !

Eh bien, le grand corps surmené d’Anthime faisait songer