Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/159

Cette page n’a pas encore été corrigée

des rideaux et va mourir. Dehors, s’assombrissent les grands herbages ; dans les bosquets, le merle une dernière fois pépie, en faisant pleuvoir les feuilles mouillées sur ses ailes noires.

Mme des Lourdines se tenait immobile, invisible, dans son encoignure.

« Timothée, risqua-t-elle enfin, craintivement, Bourasseau, le marchand de bois, est venu ce soir pour acheter l’ormeau que nous avons abattu… vous n’étiez pas là… je n’ai pas fait le marché…

– Vous avez eu tort, Émilie.

– Pourquoi cela ?… Voici l’hiver, Timothée, et nous n’avons pas trop de bois… »

Un silence.

« Nous avons plus besoin d’argent que de bois de chauffage ! »

Un silence suivit encore.

« D’argent ? reprit Mme des Lourdines dont la voix parut sortir de sa fausse gorge.

– Oui, Émilie. »

Et ils se turent de nouveau.