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C’était surtout par son allure que son mari l’intriguait, par son air soucieux. Il ne revenait plus jamais de la campagne sans se dire épuisé, pas en train. Et dans quel état, grand Dieu ! rentrait-il : avec des bottes salies qu’il ne prenait même plus la peine de quitter avant de monter chez elle ! Il s’installait devant le feu, les jambes allongées, la poitrine écrasée ; il ne parlait pas ; parfois un sursaut l’agitait, et c’était pour tourner vers elle un regard pensif et tendre.

Du coup, ce fut pour elle-même qu’elle prit peur. Elle se figura que sa maladie s’était aggravée, qu’on le lui cachait, qu’elle était en danger de mort. Mais elle n’osa interroger personne.

Un fait la rassura. Elle avait remarqué que son mari, depuis quelque temps, portait presque exclusivement ses préoccupations sur les dépenses de la maison. Cela ressemblait même fort à un parti pris. Par exemple, il n’avait pas manqué, lorsqu’elle était revenue à la charge au sujet de la vache, de représenter que trois cents francs