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pourquoi il marchait à pas précipités, se rendant chez maître Paillaud, son notaire.

Il dut couper par la grande place, réservée au marché des bêtes à cornes. L’affluence y était extrême, agitée de remous de paysans qui lui faisaient obstacle. Quand, soudain, il s’arrêta. Son regard venait de se poser sur une nuque rouge, ravinée comme pour l’écoulement des sueurs ; il voyait des épaules pointues dans une blouse d’un bleu de ciel, des jambes tordues en cep de vigne : Célestin !

Célestin tâtait les côtes d’une vache ; dans ses doigts luisaient les ciseaux qui devaient servir, l’achat conclu, à faire une marque dans le poil de la bête.

M. des Lourdines le happa par sa blouse.

« Hé ! bonne Vierge ! s’exclama Célestin, interloqué de voir tout à coup son maître se dresser devant lui.

– Célestin, n’achète pas cette vache !

– Pourquoi, notre monsieur ? fit Célestin dont les petits yeux de chien de berger s’étonnèrent ; c’est tout ce qu’il y a de plus frais de lait et riche