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cît certains doutes qui me sont venus dans l’esprit à la lecture de l’histoire déjà imprimée du grand Don Quichotte. Voici d’abord l’un de ces doutes : puisque le bon Sancho n’a jamais vu Dulcinée, je veux dire madame Dulcinée du Toboso, et puisqu’il ne lui a point porté la lettre du seigneur Don Quichotte, laquelle était restée sur le livre de poche dans la Sierra-Moréna, comment a-t-il osé inventer une réponse et supposer qu’il avait trouvé la dame criblant du blé, tandis que tout cela n’était que mensonges et moqueries, si préjudiciables au bon renom de la sans pareille Dulcinée et si contraires aux devoirs des bons et fidèles écuyers ? » À ces mots, et sans en répondre un seul, Sancho se leva de son siège, puis, à pas de loup, le corps plié et le doigt sur les lèvres, il parcourut toute la salle, soulevant avec soin les tapisseries. Cela fait, il revint à sa place, et dit : « Maintenant, madame, que j’ai vu que personne ne nous