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raient aussi trembler. Ainsi, viens, je vais t’aider à monter où tu veux. »

Pendant que Don Quichotte s’arrêtait pour faire grimper Sancho sur le liége, le chevalier des Miroirs avait pris tout le champ nécessaire, et, croyant que Don Quichotte en aurait fait de même, sans attendre son de trompette ni autre signal d’attaque[1], il avait fait tourner bride à son cheval, lequel n’était ni plus léger, ni de meilleure mine que Rossinante ; puis, à toute sa course, qui n’était qu’un petit trot, il revenait à la rencontre de son ennemi. Mais, le voyant occupé à faire monter Sancho sur l’arbre, il retint la bride, et s’arrêta au milieu de la carrière, chose dont son cheval lui fut très-reconnaissant, car il ne pouvait déjà plus remuer.

  1. Senza che tromba ô segno altro accenasse,


    dit Arioste, en décrivant le combat de Gradasse et de Renaud pour l’épée Durindane et le cheval Bayart (Canto XXXIII, str. lxxix.)