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LE BURLADOR[1], ACADÉMICIEN ARGAMASILLESQUE, À SANCHO PANZA.

SONNET.

« Voilà Sancho Panza, petit de corps, mais grand en valeur. Miracle étrange ! ce fut bien l’écuyer le plus simple et sans artifice que vit le monde, je vous le jure et certifie.

» Il fut à deux doigts d’être comte, et il l’aurait été, si, pour sa ruine, ne se fussent conjurées les impertinences du siècle vaurien, qui ne pardonnent pas même à un âne.

» C’est sur un âne (parlant par respect), que marchait ce doux écuyer, derrière le doux cheval Rossinante et derrière son maître.

» Ô vaines espérances des humains ! vous passez en promettant le repos, et vous vous perdez à la fin en ombre, en fumée, en songe. »


LE CACHIDIABLO[2], ACADÉMICIEN D’ARGAMASILLA, SUR LA SÉPULTURE DE DON QUICHOTTE.


ÉPITAPHE.


« Ci-gît le chevalier bien moulu et mal errant que porta Rossinante par voies et par chemins.

» Gît également près de lui Sancho Panza le nigaud, écuyer le plus fidèle que vit le métier d’écuyer. »


  1. Le moqueur.
  2. Nom de guerre d’un fameux renégat, corsaire d’Alger et l’un des officiers de Barbe-