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homme habile, avait vu du premier coup d’œil combien ce mariage était avantageux à sa fille. Toutefois, il aurait voulu, si c’eût été possible, l’effectuer avec le consentement du père de Don Luis, qu’il savait prétendre à faire de son fils un seigneur titré.

En ce moment, les hôtes querelleurs avaient fait la paix avec l’hôtelier, après avoir consenti, plutôt par la persuasion et les bons propos de Don Quichotte que par ses menaces, à lui payer ce qu’il demandait ; d’un autre côté, les domestiques de Don Luis attendaient patiemment la fin de son entretien avec l’auditeur et la résolution de leur maître, quand le diable, qui ne dort jamais, fit entrer à cette heure même dans l’hôtellerie le barbier auquel Don Quichotte avait enlevé l’armet de Mambrin, et Sancho Panza les harnais de son âne, pour les troquer contre ceux du sien. Ce barbier, menant son âne à l’écurie, vit Sancho qui raccommodait je ne sais quoi de son bât. Dès qu’il vit ce bât, il le reconnut, et, prenant bravement Sancho par le collet, il lui dit : « Ah ! don larron, je