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cats dans lesquels vous a élevé votre mère. » Le jeune homme frotta ses yeux endormis, et, regardant avec attention celui qui le secouait, il reconnut

aussitôt que c’était un domestique de son père. Cette vue le troubla de telle sorte qu’il ne put de quelque temps parvenir à répondre un mot. Le domestique continua : « Ce qui vous reste à faire, seigneur Don Luis, c’est de vous résigner patiemment, et de reprendre le chemin de la maison, si votre grâce ne veut pas que son père, mon seigneur, prenne celui de l’autre monde ; car on ne peut attendre autre chose de la peine que lui cause votre absence. — Mais comment mon père a-t-il su, interrompit Don Luis, que j’avais pris ce chemin, et en cet équipage ? — C’est un étudiant, répondit le valet, à qui vous avez confié votre dessein, qui a tout découvert, ému de pitié à la vue du chagrin que montra votre père quand il ne vous trouva plus. Il dépêcha aussitôt quatre de ses domestiques à votre recherche, et nous sommes tous quatre ici à votre service, plus contents qu’on ne peut l’imaginer de la bonne œuvre que nous aurons faite en vous ramenant aux yeux qui vous aiment si tendrement. — Ce sera, répondit Don Luis, comme je voudrai, ou comme en ordonnera le ciel. — Que pouvez-vous vouloir, répliqua l’autre, ou que peut ordonner le ciel, si ce n’est de consentir à ce que vous reveniez ? Toute autre chose est impossible. »