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n’est donc pas baptisée ? reprit Luscinde. — Pas encore, répliqua le captif ; elle n’a pas eu l’occasion de l’être depuis notre départ d’Alger, sa patrie ; et jusqu’à présent, elle ne s’est pas trouvée en péril de mort si imminent, qu’il ait fallu la baptiser avant qu’elle eût appris les cérémonies qu’exige notre sainte mère l’Église. Mais Dieu permettra qu’elle soit bientôt baptisée avec toute la décence que mérite la qualité de sa personne, plus grande que ne l’annoncent son costume et le mien. »

Ces propos donnèrent à tous ceux qui les avaient entendus le désir de savoir qui étaient la Moresque et le captif ; mais personne n’osa le demander pour l’instant, voyant bien qu’il était plutôt temps de leur procurer du repos que de les questionner sur leur histoire. Dorothée prit l’étrangère par la main, et, la faisant asseoir auprès d’elle, elle la pria d’ôter son voile. Celle-ci regarda le captif, comme pour lui demander ce qu’on venait de lui dire et ce qu’il fallait faire. Il répondit en langue arabe, qu’on la priait d’ôter son voile, et qu’elle ferait bien d’obéir. Aussitôt, elle le