Page:Cervantes - L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, traduction Viardot, 1836, tome 1.djvu/325

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que mon père manquât de condescendre à ce qui lui était demandé. Le duc le priait de m’envoyer aussitôt où il résidait, disant qu’il voulait que je fusse, non point attaché à la personne de son fils aîné, mais son compagnon, et qu’il se chargeait de me placer en une situation qui répondît à l’estime qu’il avait pour moi. Je devins muet à la lecture de cette lettre, et surtout quand j’entendis mon père ajouter : « D’ici à deux jours, Cardénio, tu obéiras à la volonté du duc, et rends grâces à Dieu qui t’ouvre un chemin par lequel tu dois atteindre à ce que tu mérites. » À ces propos, il ajouta les conseils que donne un père en cette occasion. Le moment de mon départ arriva. J’avais entretenu Luscinde la nuit précédente, et lui avais conté tout ce qui se passait. J’en avais également rendu compte