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trouvait si bien de cette manière d’aller, qu’il n’aurait pas donné une obole pour rencontrer toute autre aventure. En ce moment, il leva les yeux, et vit que son maître, s’étant arrêté, essayait de soulever avec la pointe de sa lance je ne sais quel paquet qui gisait par terre. Se hâtant alors d’aller lui aider, s’il en était besoin, il arriva au moment où Don Quichotte soulevait sur le bout de sa pique un coussin et une valise attachés ensemble, tous deux en lambeaux et à demi pourris. Mais le paquet pesait tant que Sancho fut obligé d’aller le prendre à la main, et son maître lui dit de voir ce qu’il y avait dans la valise. Sancho s’empressa d’obéir, et quoiqu’elle fût fermée avec une chaîne et son cadenas, il lui fut facile, par les trous qu’avait faits la pourriture, de voir ce qu’elle contenait. C’étaient quatre chemises de fine toile de Hollande, et d’autres hardes aussi élégantes que propres ; et de plus, Sancho trouva dans un mouchoir un bon petit tas d’écus d’or. Dès qu’il les vit : « Béni soit le Ciel tout entier, s’écria-t-il, qui nous envoie enfin une aventure à gagner

    subsister en plusieurs endroits. Les Espagnols ont religieusement conservé son texte, et jusqu’aux disparates que forme cette correction partielle. J’ai cru devoir les faire disparaître, sauf toutefois une seule mention de l’âne, que j’ai gardée au chapitre XXV. L’on verra, dans la seconde partie du Don Quichotte, que Cervantès se moque lui-même fort gaiement de son étourderie, et des contradictions qu’elle amène dans le récit.