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On répandit ensuite sur la sépulture une infinité de fleurs et de branchages, et tous les bergers, ayant témoigné à leur ami Ambroise la part qu’ils prenaient à sa douleur, lui dirent successivement adieu. Vivaldo et son compagnon en firent autant, et, de son côté, Don Quichotte prit congé de ses hôtes et des voyageurs, lesquels le conviaient à les accompagner à Séville, lieu si fécond en aventures, lui disaient-ils, qu’on en trouve plus au coin de chaque rue qu’en nulle autre ville du monde. Don Quichotte les remercia de leur conseil et de la bonne grâce qu’ils montraient à lui rendre service ; mais il ajouta qu’il ne voulait ni ne devait aller à Séville, avant qu’il n’eût purgé toutes ces montagnes des bandits dont elles passaient pour être infestées.

Les voyageurs, le voyant en cette bonne résolution, ne voulurent pas l’importuner davantage. Au contraire, après lui avoir répété un adieu, ils poursuivirent leur chemin, pendant lequel les sujets d’entretien ne leur manquèrent pas, ayant à converser sur l’histoire de Marcelle et de Chrysostôme, et sur les folies de Don Quichotte. Celui-ci résolut d’aller à la recherche de la bergère Marcelle, et de s’offrir à son service. Mais les choses n’arrivèrent point comme il l’imaginait, ainsi qu’on le verra dans la suite de cette véridique histoire, dont la seconde partie se termine en cet endroit.