Page:Cervantes - L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, traduction Viardot, 1836, tome 1.djvu/127

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parce qu’il ne se sentait pas fort habile sur l’exercice de la marche à pied. À ce propos de l’âne, Don Quichotte réfléchit un peu, cherchant à se rappeler si, par hasard, quelque chevalier errant s’était fait suivre d’un écuyer monté comme au moulin. Mais jamais sa mémoire ne put lui en fournir un seul. Cependant il consentit à lui laisser emmener la bête, se proposant de l’accommoder d’une plus honorable monture, dès qu’une occasion se présenterait, c’est-à-dire en enlevant le cheval au premier chevalier discourtois qui se trouverait sur son chemin. Il se pourvut aussi de chemises, et des autres choses qu’il put se procurer, suivant le conseil que lui avait donné l’hôtelier, son parrain.

Tout cela fait et accompli, et, ne prenant congé, ni Panza de sa femme et de ses enfants, ni Don Quichotte de sa gouvernante et de sa nièce, un beau soir ils sortirent du pays, sans être vus de personne ; et ils cheminèrent si bien toute la nuit, qu’au point du jour ils se tinrent pour certains de