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Poisson d’Avril

Yatsushiro, la belle fille du Hizen, est triste et songeuse. Son œil noir, perdu dans le ciel, se fixe sur l’au-delà, vers des cimes ou vers des rivages qu’elle ne connaît pas, dont elle n’a nulle idée, la pauvre mousmé ! Mais ce qu’elle voit bien, partout et toujours, c’est la chère image de son fiancé, Satzuki, beau comme le soleil de mai, et que la mer, la mer avide, a ravi à son amour, depuis bientôt trois lunes. Pourquoi reste-t-il si longtemps absent, l’intrépide pêcheur ? dans quelles contrées barbares l’a entraîné sa recherche favorite du namako ou du tara, chers aux tables délicates ?

La rude voix paternelle vient la tirer de sa contemplation.

« Que fais-tu là, indolente ? Ne devrais-tu pas être sur le fleuve, occupée à laver le linge et à le faire sécher, avant le repas du soir ».