Page:Cerfberr - Contes japonais, 1893.pdf/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
contes japonais.

Le lendemain dès l’aube, elle réveillait son hôte en frappant dans ses mains, toute joyeuse.

— Il m’est revenu à l’esprit, dit-elle, un souvenir d’enfance. On m’avait donné un grand parasol rouge et je le promenais fièrement au soleil, tenant à la main une tartine de miel, lorsqu’un chien se jeta sur mon gâteau et me l’enleva ; mais il ne put s’éloigner, étant acculé au coin d’une maison. Moi, j’étais restée devant lui et je ne savais plus comment lui arracher ma tartine sans me faire mordre, quand j’eus l’idée de lui mettre devant les yeux mon parasol rouge. Effrayé, il lâcha sa proie et s’enfuit. Pourquoi n’essaierais-tu pas de ce moyen ?

— Mais l’oiseau me verra de loin avec mon parasol et prendra peur.

— Tiens-le fermé et ouvre-le brusquement, lorsque l’alouette passera ; je suis certaine que tu réussiras.

Donc le jeune homme avait suivi ce conseil, au grand étonnement de ceux qui n’étaient pas dans le secret de ses intentions ; mais jusqu’ici il lui manquait l’oiseau, ou, s’il voyait des alouettes, elles s’amusaient à butiner ou à picorer sans s’occuper de leur nid.

Était-ce pour cette raison seulement ? Ses trésors lui semblaient bien plus éloignés, et plus effacée aussi la beauté de Nikkô aux cils bordés de noir. À quoi tient l’amour, pourtant ? À une courbature !

Enfin, le quatrième jour, à l’aube, heure propice aux préoccupations de nichée, une alouette s’avança à tire d’ailes, portant au travers du bec une branche dont les feuilles vert clair brillaient au soleil. Yori ouvrit son parasol avec fracas ; la branche tomba : il tenait le talisman.

VII

Qu’en faire maintenant ? La première joie passée, il réfléchit qu’il n’était guère plus avancé ; il ne savait pas davantage où était le trésor, s’il existait même, ni comment s’en rendre maître, ni le