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la forêt enchantée.

tout entière. Kamô et son dernier compagnon furent renversés au milieu d’un nuage de fumée et de vapeurs délétères.

Ils furent quelque temps avant de reprendre leurs sens et de distinguer quelque chose au milieu de la fumée nitreuse qui les entourait. Mais tout à coup, un bruit délicieux de musique et de cris de joie les tira de leur torpeur. À gauche était le lac couvert de barques pavoisées ; la vue s’étendait au loin sur un paysage charmant, et de la colline descendait le cortège imposant d’un roi ; vêtu d’un costume magnifique, un jeune homme se tenait à cheval, entouré de ses guerriers, au-dessus de sa tête flottaient les enseignes sacrées ; à ses côtés, sur une cavale blanche, s’avançait une jeune femme, une himé à l’air fier, dans laquelle Kamô reconnut sa sœur.


De la colline descendait le cortège imposant d’un roi.

— Yabura ! s’écria-t-il ébloui, ne pouvant croire à ce prodige.

— Oui, c’est elle, dit le roi, et en toi je remercie mon sauveur. L’enchantement a pris fin ; la forêt a disparu en même temps que l’enveloppe maudite que tu as détruite en tuant le dragon, ainsi que les livres saints l’avaient prédit. Je suis de nouveau le roi de ce pays, et j’attends tes beaux-frères, mes vassaux.

En effet, peu après, on vit arriver Shiya et Gamawuki, accompagnées des princes leurs époux. Et tous se réjouirent de l’heureuse fin donnée à leur supplice.

IX

— Et notre père ?… demanda Kamô, quand la joie générale fut un peu calmée.

— C’est vrai ! dit le roi. Je ne pensais plus à ce vieux filou, qui ne mérite guère l’argent qu’il me dépense. Mais je ne veux pas le séparer plus longtemps de ses filles. Va donc lui dire, Kamô, que les plus grands honneurs l’attendent à ma cour ; mais surtout ne manque pas d’ajouter qu’il y trouvera de l’or. Ça le décidera !

Kamô retourna à Yokohama. Mais arrivé devant la maison paternelle, il la vit fermée du haut en bas. Il eut un serrement de cœur.