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une grosse masse noire passer sur le ciel, projetant une ombre gigantesque. Il estima que l’aigle venait de quitter son nid, et, notant avec soin la direction, il réveilla ses compagnons. La marche fut reprise, et quelques instants après on aperçut les lieux décrits par Hanko. Au fond du ravin s’élevait toujours le grand pin portant le nid de l’aigle, et le ruisseau baignait son pied, avec un doux murmure.

Laissant ses serviteurs à l’abri des arbres, Kamô s’avança jusqu’au bord abrupt, et cria :

— Shiya, ma sœur, si tu es vivante encore, réponds-moi. Je suis Kamô, fils d’Hanko, et je viens te délivrer.

Une forme svelte parut au sommet de l’arbre.

— Kamô, mon frère, c’est toi ! Quelle joie de t’entendre et de te voir ! Je ne puis descendre, mais tu es jeune et fort, tu pourras sans doute arriver jusqu’à moi.

Quelques instants après, Kamô, se hissant de branche en branche, parvenait, non sans peine, jusqu’au nid mystérieux.


Kamô, se hissant de branche en branche, parvint jusqu’au nid.

Hanko ne l’eût pas reconnu, ce repaire où il avait passé un si désagréable moment. Il était aisé de voir qu’une main féminine avait passé par là ; sous une apparence rude, tout était propre et coquet ; un coin était même garni des cent objets nécessaires à la toilette d’une jolie femme.

Ce détail, saisi d’un coup d’œil, n’étonna pas médiocrement Kamô.

Après les effusions du retour, le jeune homme put enfin demander à sa sœur le récit de ce qui s’était passé depuis son enlèvement.

— Mon ravisseur, dit-elle, un beau jeune homme empressé et amoureux, couvert d’une robe de soie toute brodée d’or, m’emmena par une contrée inconnue, jusqu’à l’entrée d’une large avenue pénétrant dans la forêt. Nous nous y engageons, et nous arrivons au pied d’un escalier en vis conduisant à un joli palais aérien. Nous montons, mon époux et moi, et nous nous trouvons dans la plus