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Phénomène unique à mon sens que cet épanouissement de tous dans l’unité du groupe et du groupe par l’action consentie de tous. Les Sociétés que nous admirons le plus, ruches et fourmilières, nous montrent l’individu cruellement usé au service du groupe ; l’instinct de l’espèce le lime à son usage. Dans la petite patrie sportive qu’est l’équipe, le sacrifice de l’individu n’est pour lui qu’une source nouvelle d’exaltation et de progrès. Le sage stoïcien, dont la volonté tendue se confond avec la direction de l’effort universel, si bien que par une sorte de communion sublime de la vertu, sa liberté se meut à l’aise dans l’énorme mécanisme général, est lui aussi le plus actif tout en étant le plus exact des serviteurs du divin. Ainsi, sans le savoir se modèle notre athlète, cellule bien adaptée mais parfaitement individualisée et personnelle, qui sans rien retrancher de sa valeur propre, s’accorde au bien public et à l’ordre social. Platon l’a rêvé et nous l’a dépeint dans les figures exquises des deux amis Ménéxène et Lysis. Leur merveilleux équilibre intellectuel, moral et physique, secret de ces époques heureuses, projette comme un rayonnement d’humanité supérieure.

« Beaux et bons », selon la formule antique, ils réalisent sans effort dans leur organisme sain et leur âme ardente mais réglée, cette justice personnelle, harmonie intérieure, exacte proportion des facultés individuelles, sur quoi Platon fondait l’harmonie des États et la justice sociale.