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CENSORIUS
DU JOURS NATAL
OUVRAGE ADRESSÉ A Q. CERELLIUS.
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Chapitre 1

I. Préface.


Les cadeaux qui consistent en objets d'or ou d'argent, objets plus précieux par le fini de leur travail que par le prix de leur matière, et toutes ces autres faveurs de la fortune, excitent la cupidité de celui que vulgairement on nomme riche. Quant à toi, Q. Cerellius, dont la vertu non moins que l'argent forme la richesse, c'est-à-dire qui est véritablement riche, tu ne te laisses point prendre à de tels appâts. Non que tu en aies à tout jamais repoussé loin de toi la possession ou même la jouissance ; mais, formé par les préceptes des sages, tu as assez clairement reconnu que toutes ces fragilités ne sont par elles-mêmes ni des biens ni des maux, mais des choses indifférentes, c'est-à-dire tenant le milieu entre les maux et les biens. Elles n'ont, suivant la pensée du poète comique,

« De valeur que celle qu'a l'esprit de celui qui les possède : des biens, pour qui sait en user ; des maux, pour qui en use mal. »

Donc, puisque, je ne dirai point plus on possède, mais moins on désire, plus on est riche, ton âme est riche des biens les plus grands, de ces biens qui non-seulement l'emportent sur tous les biens d'ici-bas, mais qui encore