Page:Censorinus - Le Jour natal, trad Mangeart, 1843.djvu/24

Cette page n’a pas encore été corrigée

toutefois, Alcméon avoua qu'il ne se prononçait point d'une manière bien positive, persuadé que personne ne pouvait s'assurer de la réalité du fait.

Chapitre 6

VI. Qu'est-ce qui se forme le premier dans l'enfant, et comment se nourrit-il dans le sein de la mère ? Ce qui fait que c'est un garçon ou une fille. Raison de la naissance des jumeaux. De la conformation du foetus. Empédocle, en cela suivi par Aristote, pensa qu'avant tout se développait le coeur, parce qu'il est la principale source de la vie de l'homme ; suivant Hippon, c'était la tête, attendu qu'elle est le siége de l'âme ; selon Démocrite, c'étaient la tête et le ventre, parties qui renferment le plus de vide ; d'après Anaxagoras, c'était le cerveau, d'où rayonnent tous les sens. Diogène d'Apollonie pensa que de la semence liquide se formait d'abord la chair, puis de la chair les os, les nerfs et les autres parties du corps. Les Stoïciens soutinrent que l'enfant prenait sa forme d'un seul coup, de même qu'il naît et qu'il grandit tout entier. Il en est qui attribuent à la nature elle-même ce travail : Aristote, par exemple, puis Épicure ; d'autres qui l'assignent à la vertu d'un esprit accompagnant la semence : ce sont presque tous les Stoïciens ; d'autres enfin prétendent, d'après Anaxagoras, qu'il y a dans la semence une chaleur éthérée qui agence les membres. Quelle que soit, au reste, la manière dont se forme l'enfant, il est nourri dans le sein de sa mère, et, sur ce point encore, il y a deux opinions. Anaxagoras, en effet, et beaucoup d'autres ont pensé qu'il prenait sa nourriture par le cordon ombilical ; Diogène et Hippon prétendent, au contraire, qu'il y a dans la matrice une proéminence que l'enfant saisit avec la bouche, et d'où il tire sa nourriture, comme, après qu'il est né, il le fait des mamelles de sa mère. Quant au pourquoi de la naissance des filles et des garçons, c'est un point sur lequel les mêmes philosophes