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nous rapprochent le plus des dieux immortels. Car, ainsi que le dit Xénophon, ce disciple de Socrate : « N'avoir besoin de rien, c'est le propre des dieux ; manquer du moins possible, c'est être le plus près de la divinité. ». Puis donc que, par ta sagesse, tu ne manques point de biens précieux, et que, par l'exiguité de ma fortune, moi, je n'ai rien de trop, ce livre, fruit de mon travail, je te l'adresse, quel qu'il soit, à titre de cadeau natal. Tu n'y trouveras point, suivant le plus commun usage, ni des préceptes pour bien vivre, empruntés à la partie morale de la philosophie ; ni, pour célébrer tes louanges, ces lieux communs puisés dans les traités de rhétorique (tu t'es, en effet, élevé si haut dans le culte de toutes les vertus, que toutes les leçons des philosophes comme tous les éloges des rhéteurs pâliraient devant ta vie et tes mœurs) ; mais c'est dans les commentaires philologiques que j'ai glané quelques petites questions qui par leur ensemble pussent composer un petit volume. Et cela non point par pédanterie, ni par ostentation, je le jure ; ne voulant point qu'on pût à bon droit m'appliquer ce vieil adage : « L'écolier qui en remontre à son maître. » Mais, sachant combien tes conférences m'avaient été utiles, j'ai voulu, pour ne point paraître ingrat, suivre l'exemple de nos plus pieux ancêtres. Ceux-ci, en effet, n'ignorant point qu'ils devaient à la bonté des dieux leur fortune, leur patrie, la lumière du ciel, en un mot, tout leur être, sacrifiaient aux dieux quelque chose de tous ces biens, beaucoup plus par le désir de leur témoigner leur gratitude, que par la pensée que les dieux pussent manquer de quelque chose. Aussi, avant d'employer pour vivre les fruits de leurs récoltes, en offraient-ils les prémices aux dieux ; et, comme ils possédaient et des villes et des campagnes, ne manquaient-ils point d'y élever quelques temples et chapelles qui leur étaient dédiés. Quelques-uns même, pour remercier le ciel de leur santé prospère,