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TROISIÈME PARTIE

ment possible, tant avec la laque qu’avec la pointe, et fais le moins de plis que tu peux, car l’azur d’outremer souffre difficilement le voisinage des autres mélanges[1].

lxxxiv.Pour faire à fresque ou à sec un vêtement noir de moine ou de frère.

Si tu veux faire en noir un habit de frère ou de moine, prends le noir pur, dégrade — le en plusieurs teintes, comme je t’ai déjà dit ci-dessus ; emploie-le ainsi à fresque, à sec joins-y la tempera.

lxxxv.Belle manière décolorer une montagne à fresque ou à sec.

Si tu veux faire des montagnes à fresque ou à sec, fais une sorte de verdaccio composé d’une partie de noir et deux parties d’ocre. Dégrade tes différentes teintes à fresque avec la chaux sans tempera ; à sec avec le blanc de plomb et la tempera. Établis sur ces montagnes les mêmes raisons d’ombre et de lumière qui donnent le relief à une figure. Quand tu veux que tes montagnes paraissent plus loin, fais tes couleurs plus obscures et fais-les plus claires pour les faire paraître plus près[2].

  1. Ce chapitre est curieux ; il explique comment les bleus sont si souvent détachés des peintures faites du temps de l’auteur, et le modelé rouge qu’on voit reparaître aux endroits où le bleu est tombé. Je ne comprends pas pourquoi des gens si habiles mettaient les bleus à sec ; cette couleur tient parfaitement à fresque, mise dans le moment où le mortier commence à tirer, et surtout si d’abord on a modelé la draperie ou le fond, soit avec du rouge, soit avec de la terre verte. Ces bleus-là peuvent se laver et ne craignent pas plus que les autres couleurs. ( V. Mottez.)
  2. Ce passage paraîtrait corrompu par les copistes ou un imbroglio de Cennino lui-même, si nous ne savions pas que les maîtres de cet âge entendaient peu la perspective aérienne, comme on le voit dans les ouvrages où ils ont peint des montagnes et des paysages.

    En retournant l’ordre de ce dernier précepte, on pourrait rétablir le texte ;