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TROISIÈME PARTIE

giallorino[1], noir, ocre, cinabrese, sinopia, terre verte, améthiste. Les couleurs qu’on emploie à fresque veulent pour compagnes dans les mélanges le blanc de Saint-Jean[2], les verts, quand on veut les laisser verts, le giallorino, et le blanc si on veut en faire des verts sauge. Les couleurs qu’on ne peut employer à fresque veulent pour compagnie et pour mélanges le blanc de plomb, le giallorino et quelquefois l’orpin, mais rarement cette dernière ; moi je la crois superflue.

Pour faire un azur rehaussé de blanc, reprends la raison des trois vases que je t’ai enseignée pour la couleur de chair et la draperie cinabrese : il en sera de même cette fois-ci, à l’exception qu’où tu as mis du blanc de chaux, tu mettras du blanc de plomb et ajouteras de la tempera. Deux manières de tempera sont bonnes, mais l’une est meilleure que l’autre. Pour la première, prends le jaune et le blanc de l’œuf, mets dedans quelques taillures de branche de figuier, et bats bien le tout ensemble, verse dans tes vases de cette tempera ni trop ni trop peu, comme serait un vin à demi trempé d’eau ; alors emploie tes couleurs, soit blanc, vert ou rouge, comme je te l’ai démontré pour la fresque, et de même qu’à fresque tu feras tes vêtements à tempera, seulement sans attendre que le tout soit sec. Si tu mettais trop de tempera, la couleur crèverait et se détacherait du mur. Sois prudent et expérimenté.

Je te dirai d’abord qu’avant de commencer à colorer,

  1. Le giallorino doit répondre au jaune d’antimoine, le cinabrese au brun rouge, la sinopia au rouge Vandyk, et l’amétiste au violet de mars. (V. M.)
  2. Vasari (cap. 19 della Introd. alle arti del dis.) enseigne, en parlant de la peinture à fresque, à se servir pour blanc de travertin cuit au lieu de blanc de Saint-Jean.(Cav. Tambroni.)

    Je crois cette méthode funeste à la fresque. Sur la chaux reposent la richesse de ses ressources, son éclat et sa solidité. (V. Moitez.)