Page:Cennino Cennini - Traité de la peinture, 1858.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
TRAITÉ DE LA PEINTURE

vase de la couleur la plus claire, et avec un pinceau de soies bien doux prends de cette couleur de chair, presse le pinceau entre les doigts, et va chercher tous les reliefs de ton visage. Ensuite prends le vase de la couleur mitoyenne, recherche avec elle tous les milieux, tant du visage que des mains, des pieds et du buste, quand tu fais une figure nue. Prends alors le vase de la troisième carnation et va vers l’extrémité des ombres, t’arrêtant là où le mélange enlèverait à la terre verte sa valeur ; et de cette manière reviens plusieurs fois, fondant une teinte avec l’autre tant que le tout soit bien couvert et que la nature du sujet t’y autorise. Garde-toi bien, si tu veux que ton ouvrage brille par sa fraîcheur, de laisser sortir ton pinceau de sa place pour passer sur les différentes sortes de carnation, à moins que ce ne soit pour les unir gentiment et avec art. Le travail et la pratique te rendront plus habile que ne peuvent le faire les livres. Quand tu as étendu ces teintes de chair, fais-en encore une plus claire, presque blanche, et va avec elle sur les cils, les reliefs du nez, la sommité du menton, le couvercle des oreilles. Avec un pinceau d’écureuil sec et du blanc pur, fais le blanc des yeux, la pointe du nez et un peu au bord de la bouche ; fais ces reliefs avec délicatesse. Prends un peu de noir dans un autre vase, avec le même pinceau profile le contour des yeux au-dessus de la partie lumineuse, forme les narines du nez et le trou des oreilles. Prends dans un autre vase un peu de sinopia obscure, profile le dessous des yeux, le contour du nez, les cils, la bouche, et ombre le dessous de la lèvre supérieure, qui doit être un peu plus obscure que la lèvre inférieure. Avant de profiler ces contours, prends le même pinceau et le verdaccio pour retoucher les cheveux. Avec le même pinceau et du