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TROISIÈME PARTIE

et prévoir ce que tu auras à colorer. Fais d’abord tes bordures ou ce que tu jugeras devoir entourer tes tableaux. Prends la chaux dont nous avons parlé bien remuée avec le hoyau ou la truelle ; qu’elle ait l’apparence d’un onguent. Alors considère à part toi ce que tu peux faire en un jour ; car l’enduit que tu prépares, il faut le finir. Il est vrai que quelquefois en hiver par des temps humides, sur les murs de pierre, l’enduit conserve sa fraîcheur un jour de plus. Mais si tu le peux ne t’y laisses pas aller, car le travail à fresque, c’est-à-dire celui du jour donne une trempe plus forte, meilleure, et le travail le plus délicieux qui se fasse.

Donc place un morceau d’enduit mince (pas trop) bien uni sur le vieil enduit que tu as mouillé, avec ton pinceau de grosses soies que tu trempes dans l’eau ; arrose cet enduit ; puis, avec une douve de la largeur de la paume de la main, frotte en tournant sur l’enduit bien mouillé, que la douve puisse enlever là où il y en trop, remettre là où il en manque et bien applanir ton enduit. Mouille-le encore avec ton pinceau s’il en est besoin, et avec la pointe de la truelle bien propre et mise à plat frotte partout pour polir l’enduit. Alors bats ton fil selon l’ordre et les mesures établis sur le mortier de dessous. Supposons que tu aies à faire seulement dans ta journée une tête de sainte ou de saint jeune, ou celle de notre très-sainte Vierge : lorsque tu as ainsi poli la surface de ton enduit, aie un petit vase de verre ; tous tes vases doivent être de verre, de la forme d’un verre à boire avec un fond lourd et plat, afin qu’ils aient bonne assiette et que les couleurs ne puissent se répandre. Prends la grosseur d’une fève d’ocre obscure (il y en a de deux sortes, la claire et l’obscure). Si tu n’en avais pas d’obscure, prends de la claire bien broyée ; tu la