Page:Cennino Cennini - Traité de la peinture, 1858.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
SECONDE PARTIE

-en des pains et resèche-les ; et ainsi deux fois, après quoi tu verras quel excellent blanc ce sera. Ce blanc se broie avec de l’eau et veut être bien broyé. Il est bon à employer à fresque, c’est-à-dire sur mur sans tempera. Sans lui on ne peut rien faire en fait de carnations ou de tout autre mélange de couleurs qui s’emploient sur mur à fresque ; jamais il ne réclame aucune sorte de tempera[1].

lix.00De la nature du blanc de plomb.

Il y a une couleur extraite par la chimie du plomb, qui se nomme blanc. Cette couleur est forte, fougueuse, et en pains de la grosseur d’un verre. Si tu veux connaître celle qui est la plus fine, prends de la croûte du dessus qui est en forme de tasse. Plus tu broies cette couleur, meilleure elle est. On s’en sert sur panneau ; quelquefois on l’emploie sur mur, mais garde-t’en si tu le peux, avec le temps elle devient noire. Elle se broie à l’eau et supporte toute espèce d’encollage. Elle doit te servir de guide pour éclaircir toutes tes couleurs sur panneau, comme le blanc de Saint-Jean le fait sur mur.

lx.00De la nature de l’azur d’Allemagne[2]

L’azur véritable est une couleur naturelle qui se

  1. Le blanc de Saint-Jean fait comme le décrit Cennino n’est plus en usage, que je sache, quand on fait la fresque. Je ne suis pas loin de croire que de ce blanc dépend en grande partie le succès de ce mode de peinture. Il serait donc utile d’en reprendre l’usage là où il est perdu.

    Armenîno, au ch. 7 du livre n, enseigne différentes manières de purger ce blanc ; mais aucune d’elles n’est en tous points semblable à celle donnée par Cennino.

    (Cav. Tambroni.)
  2. De ce bleu, le meilleur vient de Saxe. C’est un oxide de cobalt vitreux combiné avec la potasse, la silice et l’oxide d’arsenic. On l’employait beaucoup du temps de l’auteur. Les bleus de Berlin, de Paris et de cobalt sont d’invention récente.(Cav. Tambroni.)