Page:Cennino Cennini - Traité de la peinture, 1858.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
PREMIÈRE PARTIE

prends un pinceau doux, et avec l’encre délayé dans un godet, ébauche avec ledit pinceau, par hachures, le mouvement des plis principaux et ensuite fonds les ombres de ces plis en observant leur mouvement. Cette aquarelle doit être faite avec une eau peu teintée, et le pinceau presque sec. Ne te presse pas, mais augmente peu à peu, retourne toujours avec le même pinceau dans les lieux les plus obscurs. Sache ce qui t’arrivera, si ton aquarelle est peu teintée et que tu sois revenu sur tes ombres souvent, sans hâte et avec amour, elles seront fondues comme une fumée. Fais attention à toujours conduire ton pinceau plat. Quand tu as fini avec cette première manière d’ombrer, prends une goutte ou deux d’encre, que tu ajouteras à ton aquarelle en mêlant bien avec le pinceau ; alors, de la même manière, avec ce nouveau mélange, retourne dans la profondeur des plis en observant leur forme première et ne perdant pas de vue qu’il les faut toujours diviser en trois parties, l’une pour l’ombre, l’autre pour le champ du papier, et la troisième pour la lumière.

Quand tu as fini ceci, prends un peu de blanc bien broyé avec de la gomme arabique, (plus avant je montrerai comment cette gomme doit se délayer et se fondre, et je traiterai de toutes les colles) ; très-peu de blanc suffit. Aie dans un godet de l’eau claire, trempes-y ton pinceau et frotte sur ce blanc broyé, particulièrement s’il est riche, étends-le sur la partie ferme de la main, le gros du pouce, en rendant la forme à ton pinceau, le pressant, le déchargeant, afin qu’il soit presque sec. Toujours avec le plat commence à passer sur les endroits où doivent être les blancs pour le relief. Continue cette opération plusieurs fois en guidant ton pinceau avec sentiment ; ensuite, pour faire l’ex-