Page:Cennino Cennini - Traité de la peinture, 1858.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xix
DU CH. TAMBRONI

Et ainsi ailleurs, où il n’hésite pas à faire hommage de son savoir à ces vieux maîtres, loin de leur frauder sa dette de reconnaissance. Exemple, à mon sens, qu’il faut placer devant les yeux des jeunes étudiants qui se destinent aux arts nobles du dessin, il leur apprendra de quelle utilité sont les conseils que donne notre auteur au chap. iii, sur l’amour, la crainte et l’obéissance dues aux maîtres.

Toute la première partie du livre, composée de trente-quatre chapitres, est dédiée par Cennino aux premiers rudiments du dessin. Après avoir énuméré toutes les parties qui divisent la peinture, il apprend la manière de dessiner sur panneau, en prescrit les dimensions, comment on les prépare avec l’os, de quelle sorte de stylet il faut se servir. Il indique les raisons de la lumière par clairs et obscurs, et son action sur les reliefs. Des tablettes, il passe aux parchemins, aux papiers de coton. Ces derniers étaient alors en grand usage ; on les apportait en Italie du Levant, avant que les papiers faits de chiffons fussent devenus communs. Le vernis a écrire dont il est fait mention au chap. x, était celui qui servait à coucher les papiers de coton, afin qu’ils puissent recevoir l’écriture. Il était fait de poix pulvérisée et broyée telle qu’on l’use encore aujourd’hui. Il apprend ensuite à dessiner à la plume sur papier, et, progressant, il enseigne à teindre les papiers de différentes couleurs, à les rendre transparents pour calquer les dessins des meilleurs maîtres. Il recommande beaucoup de dessiner d’après nature.

L’auteur ensuite, poussant son élève, l’engage à un genre de vie modéré et à choisir la compagnie qu’il fréquente. Il le fait dessiner avec le charbon d’abord, et arrêter le trait au crayon ensuite. Il lui indique comment il peut mesurer les choses vues dans l’éloignement. Il finit en le mettant à l’aquarelle et à faire des fusins.

Quoi que pensent de tout ceci les artistes modernes, ils ne pourront nier que plusieurs de ces choses ne soient utiles, louables par leur simplicité, et toutes perdues aujourd’hui.