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DU CH. TAMBRONI

port du langage, l’autorité d’un écrivain trecentiste. Car bien qu’il écrivît son livre dans l’année 1437, il est certain qu’il naquit peu après 1350. Vasari n’indique pas l’année de sa naissance, mais il me semble qu’il n’est pas difficile de l’établir à peu près de la façon suivante :

Cennino finit d’écrire son livre de l’art le 31 juillet de l’année 1437. Il y mentionne qu’il avait été douze ans élève d’Agnolo Gaddi, qui mourut en 1387. Supposant encore qu’il ait été avec son maître au moment de sa mort, il avait donc dû se mettre à son service en 1375. Or, en plaçant l’époque où il dut commencer son apprentissage sous Agnolo entre sa douzième et sa dix-septième année, sa naissance remonterait à 1360 environ. Pour peu alors que l’on veuille laisser passer quelques années entre la fin du noviciat de Cennino et la mort d’Agnolo son maître, on se trouve remonter facilement vers 1350. Par conséquent, il vécut au moins quarante ans dans cet âge d’or de notre langage. Ce n’est qu’après un long espace de temps que les hommes changent la manière de parler contractée pendant l’enfance et confirmée pendant l’adolescence et la virilité. Nous savons par expérience combien souvent il nous arrive d’entendre chez les vieillards des mots usités du temps de leur jeunesse qu’ils conservent encore, bien que ces mots soient tout à fait disparus du vocabulaire.

Sous ce rapport encore, je considère comme une chose d’utilité générale la publication du livre de Cennino.

Si le flot des âges va toujours découvrant des choses nouvelles, il en recouvre aussi bien d’anciennes dont peu à peu la mémoire se perd parmi les hommes. Aussi sont mal-avisés ceux qui ne cherchent pas à perpétuer avec la plume au moins les choses utiles, car alors c’est en vain que la postérité en recherche l’origine, le perfectionnement et l’usage. Ceci serait arrivé pour la peinture du xive siècle, qui vécut immédiatement après la renaissance des arts, si Cennino, dans son livre, n’en avait conservé un entier et précieux souvenir.

Ce fut donc un grand bonheur qu’il vint à l’esprit de notre au-