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SIXIÈME PARTIE

doigts les bords de la forme. Aie un gros pinceau d’écureuil, et avec telle huile que tu voudras enduis le vide de la forme avec grand soin, afin qu’il ne t’arrive par malheur aucun accident ; puis de la manière susdite prépare ton plâtre ; si tu voulais y mêler de la poussière de brique écrasée, il n’en vaudra que beaucoup mieux. Avec ton verre ou une écuelle prends de ce plâtre, tiens-le au-dessus de ladite forme, que tu placeras sur une planche, afin que quand tu verseras le plâtre dedans tu puisses avec l’autre main battre sur la planche doucement pour que le plâtre ait occasion de pénétrer également partout, comme fait la cire dans un cachet, et qu’il n’y ait ni soufflures ni parties galeuses ; la forme remplie, laisse-la reposer un demi-jour ou un jour pour le plus.

Aie un petit marteau : avec délicatesse vas tâtant et rompant l’écorce du dehors, c’est-à-dire le premier moule, ayant soin de ne pas casser le nez ou autre chose. Si tu voulais trouver ce moule plus facile à rompre, avant de le remplir prends une petite scie et scie dans plusieurs endroits les épaisseurs du dehors, que la scie n’entre pas dedans, cela gâterait tout : il t’arriverait que quand le moule serait plein, avec de petits coups de marteau, tu le briserais facilement. De cette manière tu auras l’effigie, la physionomie ou l’empreinte de tout grand personnage ; et sache qu’avec un moule tel que le premier, tu peux faire jeter une empreinte de métal de cuivre, de bronze, d’or, d’argent, de plomb et de tout autre métal que tu voudras choisir. Procure-toi cependant des maîtres suffisamment habiles dans l’art de fondre.