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TRAITÉ DE LA PEINTURE

et si tu tais des feuilles d’arbre, mêle à l’or un peu de terre verte, broyée bien fine, pour les feuilles foncées.

En mêlant de cette manière avec d’autres couleurs, tu peux faire des changeants selon ton désir. De cet or ou argent, ou or de moitié ainsi préparé, tu peux encore faire des dessins sur habits à la manière antique et y ajouter des ornements, ce que ne font pas beaucoup les autres ; ils te feraient honneur. Mais pour ce que je te montre là, tu dois ne t’en servir que selon tes idées et te laisser guider par ton propre sentiment.

Tu trouveras des gens qui te feront faire sur panneau des camaïeux verdâtres et voudront que tu les vernisses. Je t’avertis que ce n’est pas l’usage, et que la terre verte n’en a pas besoin. Mais si tu dois les contenter, suis cette méthode : Aie des raclures de parchemin bien bouillies dans l’eau claire tant qu’ils arrivent à l’état de tempera ou colle ordinaire. Avec un pinceau d’écureuil assez gros, passe légèrement partout et avec soin de cette colle deux ou trois couches sur tes figures ou histoires, partout également où tu veux vernir. Quand tu as bien couvert deux fois de ta colle claire et propre, laisse ce travail sécher pendant trois ou quatre jours ; alors vas tranquillement avec ton vernis, tu trouveras partout que la terre verte prend le vernis aussi bien que les autres couleurs.

CLXI.Comment, ayant peint un visage humain, on le lave et le nettoie.

Comme praticien, il t’arrivera quelquefois d’avoir à teindre ou peindre des chairs vivantes, comme par exemple de colorer des figures d’hommes ou de femmes[1]. Tu peux pour cela tempérer tes couleurs avec de

  1. Ce chapitre nous fait connaître une singulière coutume de ces temps-là, de peindre les visages humains non-seulement à tempera, mais encore à l’huile