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TRAITÉ DE LA PEINTURE

qui veut être obéi en tout et annulle toute autre tempera. Dès que tu l’étends sur ton travail, aussitôt toute couleur perd sa force, il faut qu’elle obéisse au vernis, et il n’y a plus moyen de faire des retouches avec la tempera ; d’où il est nécessaire d’attendre pour vernir le plus possible, car vernissant seulement lorsque les couleurs et les tempera ont fait leur effet, elles redeviennent ensuite plus fraîches et belles, et l’éclat obtenu se conserve toujours le même. Donc, prends ton vernis le plus liquide, transparent et clair que tu auras pu trouver. Mets ton panneau au soleil, époussette-le, dégage-le de la poussière et de toute ordure autant que possible, et choisis un temps sans vent, car la poussière est légère, et si toutefois le vent la transportait sur ton tableau, il ne serait plus possible, quelque habile que l’on soit, de lui rendre sa propreté ; il n’y aurait que dans certains coins de prairie ou sur mur que la poussière ne pourrait venir te gêner. Quand tu as chauffé au soleil le panneau et le vernis, mets le panneau à plat et avec la main étends le vernis bien légèrement ; mais garde-toi d’aller sur l’or, il n’aime la compagnie ni du vernis ni d’autre liqueur. Si tu ne veux pas le faire avec la main, prends un petit morceau d’éponge bien nette trempée dans le vernis, en la roulant avec la main sur le panneau, elle vernit avec ordre, enlève et replace selon le besoin. Si tu voulais que le vernis séchât sans soleil, cuis-le bien d’abord ; il est bon que le vernis n’ait pas trop à lutter contre la force du soleil.

CLVI.Comment en peu de temps on peut faire paraître un tableau verni.

Quand au bout d’un temps trop court tu veux faire paraître un tableau verni sans qu’il le soit, prends un blanc d’œuf bien battu avec une verge, tant plus tant