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TRAITÉ DE LA PEINTURE

te méfiant du temps d’arrêt que fait quelquefois le pinceau, puis attends un peu ; remets du bol dans ton vase et fais que la seconde fois il ait plus de corps et de couleur ; de la même manière donne la seconde couche, laisse encore reposer un peu ; ajoute du bol au vase et donne la troisième couche de la même façon en te gardant des ressauts ; enfin ajoute plus de bol dans le vase et donne la quatrième couche : ton panneau sera ainsi couché de bol d’Arménie. Il faudra couvrir avec de la toile cet ouvrage pour le mettre bien à l’abri de la poussière, de l’eau et du soleil.

CXXXII.Autre manière de préparer un panneau avec le bol d’Arménie pour le dorer.

On peut encore faire cette préparation d’une autre manière. Pour broyer le bol, prends le blanc d’œuf, mets-le tel qu’il est tout entier sur la pierre ; aie le bol en poussière, pétris-le dans le blanc d’œuf, broie bien et fin, et s’il se sèche dans les mains, ajoute sur la pierre de l’eau bien claire et propre. Quand tu l’as broyé, mélangé d’eau claire qu’il soit courant au pinceau, donnes-en quatre couches sur ton panneau comme nous l’avons dit ci-dessus. Ce moyen est plus sûr que l’autre trempe si tu n’as pas grande pratique. Couvre bien ton panneau et garantis-le de la poussière comme je te l’ai dit.

CXXXIII.Comment on peut dorer avec la terre verte sur panneau.

Tu peux encore faire comme faisaient les anciens, c’est-à-dire fixer la toile étendue sur tout le panneau avant de mettre la couche de plâtre, puis dorer sur la terre verte en broyant cette terre verte avec l’un des deux moyens à ton choix que je viens de t’indiquer ci-dessus.