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PRÉFACE

mention, sans doute parce qu’elles n’étaient pas en usage, de quelques couleurs provenant des terres, telles que la terre rouge obscur, le cinabrese, et certains verts pour la peinture sur verre.

» C’est aussi plus tard qu’on a découvert la terre d’ombre, le jaune dit giallo-santo, les smalts pour la fresque et pour l’huile, et quelques autres jaunes et verts pour l’émail, couleurs dont manquaient les peintres de cette époque. Il traita aussi de la mosaïque, apprit à broyer les couleurs à l’huile pour faire des champs verts, rouges, azurés et autres, des mordants pour l’or. Mais il ne parle pas de l’huile pour la représentation des figures. Outre les ouvrages qu’il fit à Florence avec son maître, il y a de sa main, sous la loge de l’hôpital de Bonifazio Lapi, une Vierge accompagnée de saints si parfaitement colorée, qu’elle s’est jusqu’à nos jours très-bien conservée.

» Cennino, au premier chapitre de son livre, commence par ces paroles : Cennino di Drea Cennini. Suit ce que le manuscrit contient jusqu’au mot nessuno. Puis Vasari ajoute : Telles sont les propres paroles de Cennino, qui pensa que de même que ceux qui traduisent du grec en latin rendent un immense service à ceux qui ne comprennent pas le grec, ainsi fit Giotto, qui, trouvant l’art de la peinture rendu d’une manière mystérieuse, inintelligible (peut-être même ridicule), y substitua une manière belle, facile, agréable, comprise et connue pour bonne par qui a sens et jugement. »

Voilà tout ce qui nous reste de ce peintre écrivain. On désespère ensuite de trouver d’autres traces de sa vie et de ses ouvrages, puisque tous ceux qui voulurent écrire sur lui recopièrent Vasari. Baldinucci le confesse dans cette note si courte qu’il a intitulée Vie de Cennino.

Pour moi j’ai la ferme opinion, et je le prouverai plus tard, que Vasari n’a jamais lu l’ouvrage de cet artiste. Et bien qu’il ait transcrit quelques lignes du premier chapitre, ou il s’occupa peu du reste, ou il le parcourut si rapidement qu’il ne le comprit pas. Je crois qu’il s’en tint en grande partie au dire de l’or-